Aum Shinrikyō, une secte apocalyptique japonaise


Aum Shinrikyō ou Vérité suprême d'Aum (devenu Aleph en 1999), est une secte apocalyptique principalement implantée au Japon et en Russie, ayant commis plusieurs actes criminels au Japon entre 1989 et 1995, et principalement connue pour l’attentat au gaz sarin dans cinq rames bondées du métro de Tōkyō le 20 mars 1995 qui causa 12 morts et plus de 5 500 blessés. La secte, dangereuse et fanatisée, annonçait la fin du monde entre 1997 et 2000 (raté). De plus en plus autoritaire, Shuko Asahara se fait adorer, baiser l'orteil. Ses disciples achètent très cher un mélange de ses sécrétions, qu'ils boivent. 

Bouddhiste de nom, la doctrine est plutôt un pot-pourri d'éléments hétéroclites : culte de Shiva (dieu hindouiste de la destruction), éléments du Nouvel Age, occultisme (un de ses héros : Hitler, "maître de l'occulte"). Le satori ne lui a pas donné la sérénité : il est obsédé par l'idée de conspirations visant à détruire le Japon. Bête noire : les États-Unis et leurs alliés occidentaux, créatures des Francs-maçons et des Juifs. Instruments de destruction : le fast food, le sexe et des armes plus violentes (chimiques et nucléaires). 

Il y a environ 10.000 adeptes au Japon. La secte y possède son centre principal à Kamikuishiki, à 100 km de Tokyo, non loin du Mont Fuji. Ses adeptes sont des personnes âgées et riches qui disparaissent après avoir donné tous leurs biens, mais aussi des jeunes scientifiques de haut niveau, des avocats et même des membres de la police et des forces armées. Les adeptes à temps plein quittent leurs familles (parents, épouses), donnent tous leurs biens au gourou et travaillent pour lui (laboratoires, usines, hôpital). 

En 1990, le gourou et plusieurs cadres ayant l’ambition de changer la société, elle fonde le parti de la Vérité Shinri tō et présente 25 candidats aux 39e élections sénatoriales ; aucun n’est élu.

Les critiques (émanant entre autres de familles d’adeptes) ne manquent pas, mais la secte prospère néanmoins et revendique avant les attentats de 1995 presque 10 000 membres au Japon et entre 35 et 40 mille en Russie. Elle recrute beaucoup parmi les classes éduquées et ses cadres sont presque tous diplômés d’universités considérées comme de bon niveau. On y trouve au moins un médecin, un vétérinaire, un avocat et des scientifiques dont les compétences seront utilisées à mauvais escient.

En juin 1994, l’organisation se structure en gouvernement, sur le modèle de celui existant, les cadres se voyant attribuer des “ministères”.

Entre 1989 et 1996, des membres commettent différents crimes : enlèvements de membres pour forcer des donations, assassinats ou complots contre des membres voulant quitter la secte, des opposants ou des chefs de groupes religieux concurrents (Kōfuku no Kagaku, Soka Gakkai), attentats et tentatives d’attentats chimiques (sarin, gaz VX) et bactériologiques (botuline, anthrax) visant à faire de nombreuses victimes de manière indiscriminée. Après plusieurs essais, la secte réussit à fabriquer ses armes chimiques et se lance, sans succès, dans la fabrication de fusils AK-74. Les crimes restent indétectés, ou alors la secte n’est pas considérée comme suffisamment suspecte par la police pour que des arrestations aient lieu, jusqu’aux jours suivant l’attentat de 1995 dans le métro de Tokyo (en photo). Même alors, la police met un certain temps à identifier les coupables, leur permettant de commettre d’autres tentatives d’assassinat ou d’attentat et permettant à certains de disparaitre. 13 membres seront condamnés à la peine capitale, dont 12 confirmées après appel, 1 en cours d'appel en 2011.

L'organisation perd son statut officiel fin 1995 et est mise en faillite en 1996, mais les demandes pour sa dissolution au titre de la prévention des activités subversives sont rejetées en 1997 par la Commission d’examen de la sécurité publique. Une disposition légale renouvelable tous les trois ans autorisant sa surveillance est néanmoins instaurée en 2000.

En 2000, sous l’influence de Fumihiro Joyu, ancien cadre resté à l’écart des assassinats et attentats, la secte manifeste l’intention de rompre avec son passé. Le nouveau nom d’ Aleph est adopté en 1999. Les doctrines dangereuses comme le poa sont abandonnées et les membres doivent s’engager par écrit à respecter la loi. Les responsables admettent l'implication de certains de leurs membres dans les attentats au gaz sarin, ce pour quoi ils présentent leurs excuses et établissent un fonds destiné à offrir une certaine compensation financière aux victimes. 3,8 milliards de yens devaient être versés à un millier de victimes, mais Aleph ne semblant pas en mesure de payer l’intégralité avant très longtemps, en 2008 le gouvernement japonais a autorisé le versement d’une indemnité publique, considérant que l’État japonais était visé par l’attentat du 20 mars 1995.

Voici une vidéo en anglais qui rappelle la terrible attaque au gaz sarin du 20 mars 1995 de cette secte apocalyptique très dangereuse :